Ca m'intéresse : l'escroquerie humaniste habituelle
L'accroche de couverture du numéro de décembre du magazine "Ca m'intéresse" était pourtant prometteuse : "D'où viennent les premiers pharaons ? - Les dernières découvertes vont révolutionner notre vision de l'Egypte". Et j'avoue que même moi qui ne suis pourtant pas un grand amateur de ce genre de presse pseudo-vulgarisatrice, je me suis fait avoir. Oui, je l'avoue, j'ai acheté ce numéro. C'est que la question "d'où viennent les premiers pharaons ?", ça fait des années que je me la pose. Qu'espérais-je donc trouver dans ce magazine ? Simplement, naïvement, j'espérais que quelqu'un allait enfin prendre ses responsabilités et poser les vraies questions qui fâchent aux spécialistes de l'Egypte. Au lieu de cela, évidemment (mais comment ai-je pu croire une seconde le contraire ?), j'ai eu affaire à une nouvelle tentative, totalement maladroite, de défendre à tout prix la maison "Egyptologie traditionnelle" dont les murs s'effritent chaque jour un peu plus. Les auteurs, heureux de contribuer à la magnificence de la science officielle, se sont comme d'habitude embourbés dans leurs contradictions et ont eu le culot de faire passer deux ou trois découvertes totalement anodines pour une révolution alors qu'aucun de ces beaux messieurs bien habillés de la presse (pseudo) scientifique n'a daigné jeter la moindre oreille aux travaux de messieurs Schoch, West, Hancock et Bauval dont je ne cesse de vous rebattre les oreilles sur ce blog. Pathétique.
Pour bien comprendre de quoi il est question ici, il faut dire que l'interrogation sur l'origine des tout premiers pharaons et plus généralement des débuts de la civilisation égyptienne constitue l'énorme, le gigantesque, le colossal talon d'Achille de l'Egyptologie traditionnelle : de même que les égyptologues "traditionnels" s'amusent toujours à demander aux "hérétiques" : "Si une civilisation disparue a existé sur Terre, où sont ses vestiges ?" (d'ailleurs, entre parenthèse, des vestiges il y en a, sur le plateau de Gizeh, à Abydos et dans la cité andine de Tiahuanaco notamment, enfin passons...), les "hérétiques" ont tout le loisir de leur retourner dans les gencives un cinglant : "Mais comment expliquez-vous donc que la civilisation égyptienne ait pu sortir DEJA TOUTE FAITE des sables du désert aux alentours de 3100 avant J.C. ?" Parce que le problème, il est bel et bien là : où et quand les Egyptiens ont-ils acquis toutes les connaissances qu'ils possédaient dès les débuts officiels de leur civilisation ?
Cette question bien sûr, les egyptologues traditionnels refusent carrément, tranquillement et sans remord, de se la poser. Elle n'existe tout simplement pas. Et pourtant, elle est la clé essentielle et absolue de tout le mystère egyptien. Le fait est par exemple que les Egyptiens possédaient en -3100 l'écriture. Bien sûr, les hieroglyphes et leur emploi évolueront tout au long des 3000 longues années de l'histoire de l'Egypte antique. Il n'en reste pas moins qu'en 3100 av J.C., au moment donc où les historiens placent le début officiel de l'histoire egyptienne, les hieroglyphes et tous les codes de la langue écrite égyptienne étaient déjà là, entièrement formés et maîtrisés. Quelques miiliers d'années auparavant, les hommes dessinaient des taureaux et des cerfs dans des grottes. En 3100 av J.C., ils connaissaient l'écriture. Mais entre les deux, rien ! Pas de forme de balbutiment, pas de tatonnement, pas de phase intermédiaire : directement, en -3100, les Egyptiens connaissent une langue écrite parfaitement articulée. Pareil par exemple pour la montagne de mythes égyptiens qui eux aussi sortent littéralement du désert déjà tous complets et construits en -3100. Si l'on en croit les historiens officiels, ce serait donc quelque génie littéraire vivant à l'époque du premier pharaon "officiel" Menes qui aurait écrit tous ces mythes parfois extrêmement complexes que les Egyptiens se repasseront comme des neu-neus qui prennent ça pour des vérités pendant 3000 ans. Est-ce que ce n'est que moi ou bien la théorie traditionnelle du "mettons-nous tous à genoux mes frères devant le génie sans limite de l'être humain" est un poil légère ici ?
Et ne parlons même pas de la construction des monuments. Que l'on sache, avant
-3100, le peuple égyptien n'a jamais érigé d'édifices monumentaux en pierre. On peut donc penser légitimement qu'un peuple qui se lance dans la construction en pierre va tatonner pendant des siècles, créer au début des alignements, des petits temples, et puis petit à petit, les siècles passant, se lancer dans la construction d'édifices de plus en plus grands et complexes, jusqu'à arriver enfin, après un très long processus de maturation, aux monuments somptueux que nous connaissons aujourd'hui. Est-ce que ce n'est pas la plus élémentaire logique que de penser cela ? Et pourtant, ce n'est absolument pas ce qui s'est passé : la première construction monumentale érigée par les Egyptiens est ... la Pyramide à degrés de Saqqara. Olé !!!! Un peu en quelque sorte comme si moi je décidais de me mettre à la peinture et que le premier tableau que je peignais était La Joconde. Vous avez dit bizarre...
Alors évidemment, l'article de "Ca m'intéresse", pas difficile de voir où il veut en venir : il s'agit ni plus ni moins du dernier cri de détresse d'une science dépassée qui veut continuer de croire au Père Noël, ou plus exactement son Dieu à elle, le hasard. Consciente de l'énorme faiblesse de sa théorie, elle veut aujourd'hui à tout prix essayer de trouver un passé aux Egyptiens afin d'expliquer cette aberration d'une société sortant du jour au lendemain de nulle part. En essayant de faire débuter l'histoire Egyptienne 500 ans plus tôt que prévu (car ce sont ça les découvertes "révolutionnaires" relatées dans ce numéro, des traces prouvant que des pharaons et des ébauches de civilisation ont pu exister avant l'année -3100 en Egypte), elle essaie de s'auto-persuader que oui, la civilisation Egyptienne est bien née "naturellement", grâce à un enchaînement interminable de dizaines de milliers d'années de hasards successifs et d'évolution de l'intelligence humaine.
Malheureusement pour les scientifiques et les journalistes de "Ca m'intéresse", le problème n'est pas là. Le problème n'est pas de savoir si la civilisation égyptienne a commencé officiellement en -3100 ou -3500. Le problème est que la civilisation egyptienne, que ce soit en -3100 ou -3500, est, je le répète encore une fois, sortie DEJA TOUTE FAITE du jour au lendemain. Trouvez-nous des traces de constructions prouvant que les Egyptiens ont tatonné pendant des siècles avant de se lancer dans les pyramides. Trouvez-nous des formes primitives d'écriture prouvant que les hiéroglyphes sont eux aussi les fruits de siècles et de siècles d'évolution naturelle. Ce ne sont malheureusement pas les trois malheureuses découvertes évoquées qui vont renforcer la théorie officielle.
D'ailleurs, le fait qu'il y ait eu des pharaons et des villes construites avant Menès, "le premier pharaon officiel des égyptologues", les Egyptiens de l'Antiquité n'ont jamais prétendu autre chose. Eux. Ca me donne d'ailleurs l'occasion d'évoquer l'une des pires horreurs racontées dans l'article de "Ca M'intéresse" : dans un style lyrique censé renforcer le côté "révolutionnaire" (on ne rigole pas...) des découvertes évoquées, le journaliste commence son article par (je cite texto) : "Depuis plus de 2000 ans, l'affaire semblait entendue : il existe une liste officielle des pharaons. Etabli par un prêtre savant nommé Manéthon trois siècles avant J.-C., ce répertoire fait autorité depuis lors. [...] Selon Manéthon, la civilisation égyptienne a débuté avec le mythique Ménès, premier pharaon de la première dynastie, vers 3100 avant J.-C". Erreur jeune homme : Manéthon n'a jamais rien dit de tel. Ce sont les Egyptologues qui ont un jour décidé de façon unilatérale, PARCE QUE CA ARRANGEAIT GRANDEMENT LEUR THEORIE, que Menes était le premier pharaon égyptien. Manethon et ceux qui ont écrit les quelques autres papyrus (dont celui de Turin par exemple) établissant la chronologie des pharaons n'ont JAMAIS affirmé que l'histoire égyptienne avait commencé en -3100. Au contraire, ils nous apprennent que les premiers pharaons ont régné des milliers d'années avant Menes. Ce sont simplement les égyptologues qui ont un jour décidé que tous les pharaons recensés avant Menes étaient des pharaons myhtologiques et que Menes était le premier vrai pharaon humain.
Que nous a donc appris cet article soit disant "révolutionnaire" au final : que les égyptologues continuent de s'accrocher coûte que coûte à leur vieille théorie dépassée ? Mais ça on s'en doutait, il n'y avait besoin de faire une couverture pour si peu...